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je ne l’ai entendu nommer autrement ; son dîner lui est annoncé par deux chambellans qui le servent à la petite table où il n’admet que la seule madame de Maintenon. Toutes les semaines, il donne grand bal le dimanche, et grand dîner le mardi. Ces jours de bal, quarante beaux paysans et quarante jeunes paysannes prises à tour de rôle, parmi ses paysans, arrivent dès le matin au château de Versailles, on les lave et on leur fait revêtir, aux hommes des habits à la Louis XIV, qui ont coûté cent louis pièce, aux femmes des robes magnifiques. Tout cela danse toute la nuit et obéit à quatre chambellans qui leur font observer fidèlement l’Étiquette de la cour du grand roi. Le maître de la maison fait le tour, décoré de ses ordres, et parle à chacun ; ensuite madame de Maintenon permet que l’on commence la première contredanse.

« Le même cérémonial a lieu pour les grands dîners du mardi, où figurent, toujours en habits magnifiques, douze paysans et douze paysannes, et souvent quelques curieux des garnisons voisines ; la vaisselle est de toute beauté ; le roi et madame de Maintenon mangent sous un dais. Toute cette cour peut coûter un million de francs par an, et le maître a le plaisir de vivre exactement comme Louis XIV, dans un