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peu forte chez une simple connaissance ; elle se défendit avec candeur et vérité, mais sans la moindre altération de couleur dans le plus joli teint que j’aie vu en Italie.

L’armée créée par Napoléon, réunissant dans la même compagnie le citoyen de Reggio, le bon Busecon de Milan, le sombre Novarrais et le gai Vénitien, avait produit deux effets :

1o  La création d’une langue nouvelle ; la Romagne ayant fourni, à ce qu’on m’assure, les plus braves soldats, les mots romagnols dominaient dans cette langue ;

2o  La haine de ville à ville et le patriotisme d’antichambre tombaient rapidement dans l’armée. Je tiens ce fait du brave colonel Wideman, seigneur vénitien, mon ami.

2 janvier. — Je parlais de Louis XIV au comte K***, le plus aimable des Polonais que j’aie rencontrés, et ce n’est pas peu dire. « C’est Louis XIV et non plus Philippe II qui sert de modèle au petit prince allemand, comme au duc anglais. »

— « Modèle, c’est le mot, dit M. K***. Un gentilhomme fort riche, qui n’habite pas à cent lieues de Riga, a fait ajouter à son immense château un énorme avant-corps carré, pour singer la façade du château de Versailles sur les jardins. Sa maîtresse s’appelle madame de Maintenon, jamais