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tredit la plus jolie promenade de Paris mais tout le monde peut en jouir, et parce que Louis XIV a vécu, même aujourd’hui, il n’est permis d’y paraître que comme pour aller faire des emplettes. L’influence de Louis XIV, qui se fait sentir en Angleterre aussi bien qu’en Russie et en Allemagne, n’a nullement pénétré en Italie. Jamais personne n’y fut maître de l’opinion ; de là mille avantages : mais aussi le revers de la médaille, des injures sales dès qu’un marquis est en colère et les sots plus insupportables qu’ailleurs ; de là la grande difficulté de se faire présenter dans une maison de Milan. Si vous êtes un sot, comment vous éconduire ?

Je conseille au lecteur, s’il va devers Rome, de ne jamais rien blâmer, et d’établir qu’il est sujet à des maux de tête subits. Dès qu’il verra arriver le patriotisme d’antichambre, il sera pris de son mal de tête et disparaîtra. La femme chez qui j’ai vu réunis la plus rare beauté, l’âme la plus haute et le plus d’esprit, madame M***, n’était point exempte de ce défaut. Sans petite vanité pour elle-même, elle était susceptible pour son pays ; dès qu’on blâmait quelque chose de ce cher pays, elle rougissait. Un jour que je venais de tomber dans cette maladresse, je fis l’essai de la critique personnelle avec une liberté un