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pratiqué une armoire où les laquais mettent les balais ; à droite de la grande antichambre aux statues, et du côté opposé au salon, on trouve deux salles dont les portes restent toujours ouvertes, et enfin la chambre à coucher du prince et de la princesse. De leur chambre on passe dans celle de leur fille. Tous les soirs, une ancienne femme de chambre de la princesse entre quand elle est au lit avec son époux, met près du pied du lit, et en face du prince, un grand crucifix d’ivoire haut de quatre pieds et demi, ferme la porte à double tour, place la clef sous le chevet du prince, jette de l’eau bénite sur le lit, et se retire dans une chambre attenant à celle de donna Lauretta. Il y a dix-huit mois, à peu près, que je trouvai le temps, en passant d’une pièce à une autre, un jour de gala où l’on recevait tous les officiers du régiment autrichien, arrivant de Naples, de dire à donna Lauretta : « Cette nuit, je me cacherai dans l’armoire aux balais, et quand votre père sera endormi, je gratterai à sa porte, venez m’ouvrir en prenant la clef sous son chevet. — Gardez-vous-en bien. — Je serai à la porte vers les une heure. » Je ne trouvai pas le temps d’en dire davantage. Je ne lui avais pas parlé quatre fois de mon amour ; mais j’avais vu qu’elle était sensible à ma pré-