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mencement que je fus pris, il y a plus de deux ans, que mon amour pour donna Lauretta finirait mal. Elle est gardée par ses cousins et son père d’une manière inouïe, et qui surpasse toutes les idées que vous pouvez vous en faire. Trois ou quatre fois j’ai eu des moments de froid avec le prince C***, parce qu’il croyait s’être aperçu que je regardais sa fille ; et, comme vous savez, je suis si pauvre, qu’il ne peut pas être question de mariage avec une héritière aussi riche ; mais la mère de Lauretta, de laquelle j’ai l’honneur d’être un peu parent, m’a toujours protégé. D’ailleurs je suis le seul joueur d’échec de la force du vieux prince. Comme donna Lauretta ne manque pas un exercice de piété, de mon côté je me suis fait ambitieux. J’ai laissé deviner par tout le monde que je cherchais à obtenir de la cour un emploi dans sa diplomatie, que j’étais las de mon pays, et en conséquence je me suis mis à ne plus bouger de l’église.

« Le prince reçoit, comme vous savez, dans le beau salon de marbre où est la statue de Philippe II. On traverse, pour y arriver, une petite antichambre, et ensuite la grande antichambre d’honneur, où sont les statues des amiraux et vice-rois espagnols, membres de la famille. Dans l’épaisseur du mur de la petite antichambre, on a