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de l’Afrique. Je voyais un air serein et heureux qui ne va guère avec les combats intérieurs. En attendant, comme mon âge me met à l’abri de la jalousie des cousins, je cherche ouvertement, depuis plusieurs mois, toutes les occasions de m’entretenir avec donna Lauretta. Douée d’un esprit vif, curieux, singulier, elle me fait toujours des questions sur l’Angleterre et sur ce Paris qu’elle adore ; je lui prête des romans de Walter Scott ; enfin, nous ne manquons pas de sujets de conversation. Elle a toujours quelque remarque originale à me communiquer sur les livres qu’elle a lus. Je suis enthousiaste de sa beauté, et ne m’en cache point. Enfin, ce matin, vers les trois heures, comme je me retirais chez moi, heureusement seul, j’ai été accosté si brusquement par don Niccola, que je l’ai presque pris pour un voleur. J’ai couru toute la journée pour lui ; j’ai fait vingt visites ; il nous importait de savoir quel effet avait produit sur le public de cette petite ville certain événement de la nuit.

« Voici ce que don Niccola m’a raconté, pour me mettre au fait, avec un feu et des gestes pittoresques, fort amusants. C’était dans mon jardin, au petit jour ; il était pâle et réellement très-beau. Il ressemble un peu à Mazzochi, le fameux chef de voleurs. — Je sentis, me dit-il, du com-