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monter son âme à volonté à sept ou huit tons différents, comme un acteur.

Je n’ai eu de plaisir musical à Bologne que par la voix délicieuse de M. Trentanove, jeune sculpteur, qui chante un duo à lui tout seul chez la spirituelle et si jolie madame Filicori.

J’ai fait venir de Berlin un manuscrit qui se compose d’une vingtaine d’anecdotes sur Napoléon, vraies, bien choisies, et non écrites par des laquais, comme tout ce que l’on publie. J’ai fait venir ce manuscrit pour le prêter après m’être fait prier convenablement. Coqueter ainsi avec les femmes italiennes est mon souverain bonheur. On dit qu’un véritable intrigant aime l’intrigue pour l’intrigue, et non pas afin d’obtenir une certaine chose. C’est ainsi que sans but, sans objet, j’aime à me mêler dans les secrets des Italiennes, les femmes les plus femmes de l’univers, et non pas des hommes au petit pied, comme nos dames de Paris. Après m’être fait prier pendant huit jours, et avoir beaucoup parlé des dangers auxquels je m’expose, je confie le précieux manuscrit à madame Ottofredi. Mais ce petit volume, si bien relié, a trois ou quatre passages si mal écrits qu’ils en sont illisibles, et malheureusement cette mauvaise écriture se rencontre vers la fin, dans les anecdotes