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plus heureux. Or, n’en déplaise à nos dames philosophes ou mystiques, c’est là, dans les bornes de la vertu, tout le thermomètre du mérite d’une femme.

Le génie de Venise était trop léger, trop dépouillé de passions ; Bologne offre précisément le mélange du degré de passion et de la fertilité d’imagination qu’il faut, selon moi, pour atteindre la perfection de l’esprit. — Mais très-probablement je suis un mauvais juge, je méprise trop l’esprit qu’on sait par cœur.

31 décembre. — Je suis encore tout ennuyé des pompes ecclésiastiques. — La moindre ville d’Italie a un opéra nouveau le 26 décembre, premier jour de carnaval. Les prêtres, si amis de l’opéra en 1740, se sont faits ennemis des plaisirs depuis que Bonaparte est venu réveiller l’Italie, et je ne sais sous quel prétexte nous n’avons pas encore d’opéra a Bologne ; il ouvrira, dit-on, sous huit ou dix jours. J’ai soif de musique ; une soirée sans musique me semble avoir quelque chose de sec et de malheureux. Il y a ici de fort jolis concerts le dimanche matin, au Casin ; mais les concerts m’ont toujours semblé fastidieux ; je méprise trop la difficulté vaincue. Il faudrait, pour goûter les concerts, pouvoir