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règlement en vain réclamés depuis cinquante ans.

La décadence morale qui suit la ruine physique est arrêtée pour quelque temps, parce que ce peuple de Bologne, plein de vivacité et d’esprit, a compris le génie de Napoléon, quoiqu’il n’ait fait que l’entrevoir, et que souvent le génie du grand roi ait été masqué par de sots préfets. Ils vinrent à bout de cabrer ce peuple, et excitèrent une révolte en 1809, je pense. Ce fait méritait cent destitutions ; mais Napoléon était à Vienne où il gagnait tout juste la bataille de Wagram ; l’Espagne l’inquiétait ; il songeait à donner la Hongrie à l’archiduc Charles, etc.

Bologne a, ce me semble, beaucoup plus d’esprit, de feu et d’originalité que Milan ; on y a surtout le caractère plus ouvert. J’ai déjà, au bout de quinze jours, plus de maisons où je ne puis passer la soirée, que je n’en aurais eu à Milan après trois ans de séjour. Mais l’amour ne se commande pas ; mon cœur a été pris par la douceur et le naturel des manières milanaises. Ici les gestes et les récits me font trop songer à la perversité humaine ; je l’oubliais à Milan. Aucune femme de Milan, peut-être, n’a l’esprit de repartie qui distingua madame la princesse Lambertini ; mais plusieurs ont su rendre leur amant