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quefois leurs tableaux la larme à l’œil.

La vanité des habitants de Bologne est fière de leur cimetière, c’est une chartreuse à un quart de lieue de la ville. Les tombeaux feront vivre quelques pauvres sculpteurs. Il y a deux cents ans, je pense, que les Bolonais construisirent un portique qui a six cent cinquante arcades, et par lequel on peut monter à couvert à la madone di San Luca. Les domestiques de Bologne se cotisèrent et bâtirent quatre arcades ; les mendiants se cotisèrent et firent deux arcades. J’ai monté la colline en suivant ce portique qui a une lieue, et n’ai pas manqué de m’enrhumer en regardant les tableaux dans l’église. C’est la troisième fois que m’arrive cet ennuyeux accident ; un Italien se serait muni d’un bonnet de soie noire. Le caractère des gens du peuple que j’ai rencontrés est franc, allègre, plein de vivacité ; en se contrepassant, ils se font des plaisanteries, et puis s’en vont chantant.

29 décembre. — On me présente à M. l’abbé Mezzofante, qui parle vingt-deux langues comme chacun de nous parle la sienne et, quoique si savant, il n’est point bête. Je l’ai attaqué sur le Congrès de Vienne de M. l’abbé de Pradt, que je voyais dans la bibliothèque publique dont