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lence. Une voûte peinte à fresque par le Guide, avec de charmantes petites figures, deux petites statues de Michel-Ange, faites dans la jeunesse de ce plus grand des artistes, et avant qu’il se fût arrêté au genre terrible ; un tableau de Tiarini, exprimant la joie d’une mère qui voit ressusciter son enfant, m’ont payé de ma course à Saint-Dominique.

Tout est plein ici de la gloire et du nom des Carrache. Mon bottier, ce matin, m’a fait leur histoire presque aussi bien que Malvasia. Il me dit que Louis était mort de chagrin, pour avoir fait une faute de dessin dans la figure de l’ange de l’Annonciation, fresque, a Saint-Pierre. Je vais sur-le-champ à Saint-Pierre (la cathédrale), avec le bottier qui s’est empressé de me servir de guide. Un bottier de Paris a de la douceur dans son ménage, il achète des meubles d’acajou ; mais parlez-lui de la Psyché de M. Gérard !

La force de caractère chez les Carrache fut presque égale à leur talent. Supposez un jeune littérateur, plein d’esprit, débutant aujourd’hui à Paris, et osant écrire en style simple comme Voltaire, sans palpitant de l’intérêt du moment, sans les exigences du siècle fondées sur ses nécessités, etc., il serait comme une femme arrivant sans rouge dans un salon où toutes