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arrivée, et qui recommence ce matin. J’allai sur-le-champ voir la fameuse tour qui penche ; je l’apercevais depuis un mille. Elle s’appelle la Garisenda, et a, dit-on, cent quarante pieds de haut ; elle surplombe de neuf pieds. Un Bolonais, voyageant en pays étranger, s’attendrit au souvenir de cette tour.

Bologne est une des villes où l’hypocrisie est la plus difficile. Le pape, ayant opprimé ici les mœurs républicaines, lors de la conquête, après les Bentivoglio (1506), l’esprit public s’appliqua à voir les ridicules des prêtres. De plus, pendant des siècles, Bologne a été, pour les sciences, ce que Paris est maintenant ; et les papes n’ayant pas inventé le ridicule de faire barons les savants célèbres, ceux-ci gardaient leur franc parler. Les prêtres, à Bologne, souffrent la liberté des mœurs, sans quoi les brocards les empêcheraient d’en jouir. Lambertini, avant d’être pape, fut le prélat le plus gai et le plus libre en ses propos ; c’est ce que témoigne le président de Brosses, le Voltaire des voyageurs en Italie (1739).

Mon valet de place m’a conduit, en arrivant, au palais Caprara, devant la façade du palais Ranuzzi, et, enfin, sur ma demande, à l’église de Saint-Dominique, où repose le corps du catholique par excel-