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moi avec amertume ; heureusement il tenait à la main le Commentaire sur l’esprit des lois, par M. de Tracy. Mais, monsieur, lui ai-je répondu, sans nous sauriez-vous que Montesquieu existe ?

28 décembre. — Bologne est adossée à des collines qui regardent le nord, comme Bergame à des collines exposées au midi. Entre elles s’étend la magnifique vallée de la Lombardie, la plus vaste qui existe dans les pays civilisés. À Bologne, une maison bâtie sur la colline, avec fronton et colonnes, comme un temple antique, forme de vingt endroits de la ville un point de vue à souhait pour le plaisir des yeux. Cette colline, qui porte le temple, et a l’air de s’avancer au milieu des maisons, est garnie de bouquets de bois comme un peintre eût pu les dessiner. Du reste, Bologne offre un aspect désert et sombre, parce qu’elle a des portiques des deux côtés dans toutes ses rues. Il faut des portiques d’un côté seulement, comme à Modène. C’est ainsi que sera Paris dans deux siècles. En général les portiques de Bologne sont loin d’être aussi élégants que ceux de la rue Castiglione, mais ils sont bien plus commodes, et mettent parfaitement à l’abri des plus grandes pluies, telles que celle qui m’accueillit le jour de mon