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ni la simplicité de ses vêtements. Que dire des fresques du couvent de San Paolo ? Peut-être que, qui ne les a pas vues, ignore tout le pouvoir de la peinture. Les figures de Raphaël ont pour rivales les statues antiques. Comme l’amour féminin n’existait pas dans l’antiquité, le Corrége est sans rival. Mais pour être digne de le comprendre, il faut s’être donné des ridicules au service de cette passion. Après les fresques, toujours bien plus intéressantes que les tableaux, je suis allé revoir, au nouveau musée bâti par Marie-Louise, le Saint Jérôme et les autres chefs-d’œuvre jadis à Paris.

Pour faire le devoir de voyageur, je me suis présenté chez M. Bodoni, le célèbre imprimeur. Je suis agréablement surpris. Ce Piémontais n’est point fat, mais bien passionné pour son art. Après m’avoir montré tous ses auteurs français, il m’a demandé lequel je préférais, du Télémaque, du Racine ou du Boileau. J’ai avoué que tous me semblaient également beaux. « Ah ! monsieur, vous ne voyez pas le titre du Boileau ! » J’ai considéré longtemps, et enfin j’ai avoué que je ne voyais rien de plus parfait dans ce titre que dans les autres. — « Ah ! monsieur, s’est écrié Bodoni, Boileau Despréaux, dans une seule ligne de majuscules ! J’ai passé six mois, monsieur, avant