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aujourd’hui la seule passion par laquelle ils se dévoilent. La musique est le seul art qui aille assez avant dans le cœur humain, pour peindre les mouvements de ces âmes-là. Mais il faut avouer qu’elles sont peu propres à inventer de jolies plaisanteries comme Candide, ou les Mémoires de Beaumarchais. Elles doivent même paraître stupides à nos voyageurs, gens d’esprit, tels que M. Creuzé de Lessert[1].


Plaisance, 18 décembre. — Ce matin, après avoir passé le Tésin, en quittant Pavie, sur un pont couvert, j’ai suivi, pour aller à Plaisance, une des plus jolies routes que j’aie rencontrées de ma vie, par Stradella et San Giovanni. L’on côtoie les collines qui bornent au midi la vallée du Pô. Un prêtre, avec lequel j’étais, fait que nos malles ne sont pas ouvertes à la douane de Stradella ; les douaniers refusent notre petit présent et nous traitent avec respect. Quelquefois la route monte un peu sur l’extrémité de ces collines, et

  1. Voir un Voyage en Italie supérieurement imprimé par P. Didot vers 1806.