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est de Pellegrini, l’auteur de l’église de Ro, sur la route de Milan au Simplon.

Galéas II Visconti fit fleurir, en 1362, l’université de Pavie. Il y faisait enseigner le droit civil et canonique, la médecine, la physique et cet art qui faisait tant de peur à Napoléon, et dont on a encore tant de peur aujourd’hui, la logique. Ce même prince Galéas II inventa une méthode ingénieuse pour infliger des tourments atroces à un prisonnier, pendant quarante et un jours de suite, sans cependant lui arracher la vie tout à fait. Un chirurgien soignait le prisonnier, afin qu’on pût encore lui faire subir une mort cruelle le quarante-unième jour[1]. Barnabó, frère de Galéas, faisait encore pis à Milan. Un jeune Milanais dit avoir rêvé qu’il tuait un sanglier, Barnabó lui fit couper une main et ôter un œil : leçon de discrétion. De tels princes, lorsqu’ils n’amènent pas l’abrutissement et la bêtise générale, font naître de grands caractères, comme il en exista en Italie pendant le seizième siècle. Dans quelques affaires de la vie privée, de tels caractères paraissent encore quelquefois ; mais leur grande étude est de se cacher ; l’amour est presque

  1. Chronicon Petri Azarii, p. 301. Cet auteur nous a conservé la description de ce supplice : Intentio domini est, etc. Beaucoup de malheureux périrent ainsi en 1372 et 1373.