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s’exerce envers la peur du ridicule. La pensée des femmes existerait-elle, à leur insu, dans le cœur des jeunes Parisiens, qui semblent les abandonner pour la métaphysique mystique ?

J’ai cherché en vain, sous les murs de Pavie, le champ de bataille où du Bellay nous peint si bien le malheur de François Ier (1525). Il y a une jolie rue à Pavie, arrangée comme celles de Milan, avec les quatre bandes de granit venant de Baveno. C’est aussi en granit que sont les garde-fous placés des deux côtés des grandes routes, à six mètres les uns des autres. On les appelle Paracari. C’est le sobriquet donné par le peuple aux soldats français : Ah ! poveri Paracari ! m’a-t-on souvent dit à Milan, avec l’accent du regret ; c’était avec celui de la haine que ce mot se prononçait avant 1814. Les peuples n’aiment jamais que par haine pour quelque chose de pire.

Deux milles avant d’arriver à Pavie, on aperçoit une quantité de tours fort minces et en briques, qui s’élèvent au-dessus des maisons. Chaque grand seigneur de la cour d’un roi lombard ou d’un Visconti avait une tour de sûreté pour se réfugier, si quelque courtisan rival venait pour l’assassiner. J’ai été fort content de l’architecture du collège Borromée ; elle