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jours en mouvement pour les intérêts de ses goûts les plus futiles qui deviennent facilement des passions, ne songe qu’aux femmes, ou à résoudre tel fameux problème. Il vous croirait fou si vous lui proposiez de peser la quantité de sentiment religieux existant dans son cœur. Il est emporté, peu poli, mais de bonne foi dans la discussion ; il crie à tue-tête, mais la peur de rester court ne lui inspire jamais le subterfuge de faire semblant de ne pas comprendre une ellipse dans le raisonnement de l’adversaire. Beaucoup plus près du bonheur, selon moi, que le jeune Français, il a l’air beaucoup plus sombre. La journée du jeune Français est occupée par vingt petites sensations ; l’Italien est esclave de deux ou trois ; l’Anglais a une sensation toutes les six semaines, et s’ennuie en l’attendant ; l’Allemand n’a de sensations qu’au travers de sa toute-puissante rêverie. Est-il bien disposé ? une feuille qui tombe ou la chute d’un empire font le même effet sur lui.

La jeunesse est la saison du courage ; tout homme est plus brave à vingt ans qu’à trente[1]. Il est bien singulier que ce soit le contraire pour le courage qui

  1. À trente ans on a perdu toute la partie du courage qui vient de la colère.