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on me les a contés bien longuement, et pourtant sans ennui de ma part ; j’étudiais le conteur. Ces jeunes gens savent tout Pétrarque par cœur, la moitié au moins fait des sonnets. Ils sont séduits par la sensibilité passionnée que le pathos platonique et métaphysique de Pétrarque ne cache pas toujours. Un de ces jeunes gens m’a récité, de lui-même, le plus beau sonnet du monde, le premier du recueil de Pétrarque :

Voi ch’ascoltate in rime sparse il suono
Di quei sospiri ond’io nudriva il core,
Il sul mio primo giovenile errore,
Quand’ era in parte altr’uom da quel ch’i’sono ;
Del vario stile in ch’io piango e ragiono
Fra le vane speranze e’l van dolore,
Ove sia chi per prova intenda amore,
Spero trovar pietà, non che perdono.
Ma ben veggi’ or, siccome al popol tutto
Favola fui gran tempo ; onde sovente
Di me medesmo meco mi vergogno :
E del mio vaneggiar vergogna è’l frutto,
E’l pentirsi, e’l conoscer chiaramente
Che quanto piace al mondo è breve sogno[1].

  1. Je supprime ici un grand morceau sur la jeunesse italienne. Pour ne pas sembler fastidieuse, cette métaphysique. qui n’est que la substance de cent anecdotes, a besoin d’être lue sur les bords du Tésin. De telles vérités semblent hasardées à l’étranger et mettent en fureur la vanité municipale. Le journal de mon voyage semblera peut-être moins paradoxal aux personnes voyageant actuellement en Italie. Il me faudrait quatre in-quarto pour conter les anecdotes rappelées dans mes notes par une allusion d’un mot, et desquelles je tire des conclusions morales. Voir dans les papiers publics de 1825 le récit de la révolte