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sait pas supprimer les voleurs. Il suffit pourtant d’un gendarme dans chaque village, qui, dès qu’il voit une dépense extraordinaire, demande au paysan : Où avez-vous pris cet argent ?

Je ne dirai rien de Pavie, dont vous trouverez des narrations dans tous les voyageurs descriptifs[1]. Remerciez-moi de ne pas vous envoyer vingt pages sur le superbe cabinet d’histoire naturelle.

Ces choses-là sont pour moi comme l’astronomie ; je les admire, je les comprends même un peu ; le lendemain elles ont disparu. Pour ces sortes de vérités, il faut un esprit sage, calculateur, ne pensant jamais qu’à ce qui est démontré vrai. Les sciences morales nous montrent l’homme si méchant, ou ce qui revient au même, il est si facile et si doux de se le figurer meilleur qu’il n’est, que c’est presque toujours dans un monde différent du réel que l’imagination aime à s’égarer. Bréguet fait une montre qui pendant vingt ans ne se dérange pas, et la misérable machine à travers laquelle nous vivons, se dérange et produit la douleur au moins une fois la semaine. Cette idée me jette toujours dans les utopies, lorsqu’un homme de génie, comme M. Scarpa, me parle d’histoire natu-

  1. Voir le Voyage de ce M. Millin, membre de tant d’Académies.