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siècle. M. Pellico peint l’amour bien mieux qu’Alfieri, ce qui n’est pas beaucoup dire ; dans ce pays, c’est la musique qui s’est chargée de peindre l’amour. À Paris, un homme d’esprit se fait, dit-on, trois mille francs par mois avec de petites comédies. L’auteur de Francesca a beaucoup de peine à gagner douze cents francs par an, en montrant le latin à des marmots ; les représentations et l’impression de sa pièce ne lui ont pas valu un centime.

Voilà la France et l’Italie pour les arts. En Italie, on paye mal les artistes ; mais tout Milan a parlé pendant un mois de la Francesca da Rimini. Ce manque de succès d’argent est fâcheux dans le cas particulier de ce jeune poëte, mais rien de plus heureux pour l’art. La littérature, en Italie, ne deviendra jamais un vilain métier qu’un M. de V*** récompense avec des places d’Académie ou de censeur. Monti m’a dit que ses poëmes immortels, qui ont eu peut-être trente éditions chacun, l’ont toujours mis en frais. On imprimait la Mascheroniana à Milan ; huit jours après, il paraissait des contrefaçons dans les pays étrangers, c’est-à-dire à Turin, Florence, Bologne, Gênes, Lugano, etc.

Mais ce ne sont point les hommes supérieurs que je viens de nommer qui me font regretter Milan ; c’est l’ensemble de ses