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Belgiojoso, 14 décembre. — Ce matin, comme je passais, en quittant Milan, sous l’arc de triomphe de Marengo (porte de Pavie), pollué par je ne sais quelle inscription, ouvrage des ultra du pays, j’avais les larmes aux yeux. Je me répétais souvent, avec un certain plaisir machinal, ces beaux vers de Monti :

Mossi al fine, e quel colli ove si sente
Tutto il bel di natura, abbandonai
L’orme segnando al cor contrarie e lente[1].

M. Izimbardi, homme supérieur, l’un de mes nouveaux amis, voulait absolument me conduire au lac de Como : « Qu’allez-vous chercher à Rome, me dit-il hier soir au café de l’Académie, la beauté sublime ?

Eh bien ! notre lac de Como est, dans la nature, ce que les ruines du Colysée

  1. Cinquième chant de la Mascheroniana, poëme de Monti à l’occasion de la mort de Lorenzo Mascheroni. Ce grand poëte décrit une année de la vie de Napoléon. Il avait commencé dans la Basvigliana l’histoire de la révolution française. Quel dommage qu’il n’ait pas traité tout ce beau sujet ! Monti est un enfant impressionnable qui a changé de parti cinq ou six fois dans sa vie : ultra fanatique dans la Basvigliana, il est patriote aujourd’hui ; mais ce qui le sauve du mépris, jamais il ne changea pour de l’argent comme M. Southey.