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La force, la simplicité, le naturel, jamais aucune imitation académique et froide à la Fontanes ou à la Villemain, voilà ce qui place si haut les poésies en vernacolo. La médiocrité n’y est ni tolérée ni tolérable, avantage que cette poésie perdrait bien vite si l’on créait jamais pour elle des académies et des journaux littéraires. L’Académie française nous a donné le pédantisme, et la littérature n’a produit de chefs-d’œuvre parmi nous que quand elle jouissait du mépris des sots (1673). Rien n’est si simple et si naïf qu’un poëte italien : Grossi, Pellico, Porta, Manzoni et même Monti, malgré l’habitude des triomphes. Les poëtes en vernacolo sont toujours moins pédants et plus aimables que les autres. C’est une triste chose que tous nos jugements littéraires, journaux, cours de littérature, etc. Ce fatras dégoûte de la poésie les âmes un peu délicates. Si l’on veut lire avec plaisir les vers d’un poëte du Nord, il ne faut pas connaître sa personne ; vous trouvez un fat qui dit : ma muse. Porta et Grossi me font au contraire adorer encore davantage leurs charmants poëmes.