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humain. Carline Porta est surtout admirable quand il peint le Milanais noble qui veut parler toscan, et ajoute des désinences aux mots tronqués de sa langue maternelle, par exemple dans la Preghiera :

Donna Fabia, Fabron de Fabrian
.........................
Ora-mai anche mi, don Sigismond
Convengo appion nella di lei paura[1].

Mais les chefs-d’œuvre de cet aimable poëte ne peuvent pas être cités devant des femmes, il partage ce malheur avec Buratti et Baffo. Tous trois ils ont idéalisé la conversation de tous les jours, et dans toute espèce d’art, cette opération rend plus visibles les grands traits.

Je relis avec délices le sonnet ci-après, qui, parce qu’il est vrai, rend tôt ou tard une révolution immanquable en ce pays.

Sissignor, sur Marches, lu l’è marches,
.........................
D’ess saludaa da on asen corne lù.

Excepté Monti, tout ce qu’on a imprimé ici en italien depuis cinquante ans ne vaut pas ce sonnet, et El di d’incœu :

— El pover meritt che l’è minga don
Te me l’han costringiuu la in d’on canton.

  1. Il y a un dictionnaire milanais-italien, en 2 vol. in-8°, fort bien imprimé à l’imprimerie royale. La base de la langue est minga, qui veut dire pas du tout.