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Pas du tout, il avait besoin de parler de la femme qu’il aima pendant huit ans, et qu’il adore plus que jamais après une année de brouille. Et quelle brouille ! La plus humiliante du monde. Il me conte longuement comme quoi un officier allemand, fort laid (c’est au contraire un fort aimable et fort joli homme, très-fat), a lorgné sa belle de la même place où nous sommes au parterre, et constamment pendant six mois. « J’en fus jaloux, me dit-il, et j’eus la sottise de le dire à la Violantina ; mes plaintes la portèrent sans doute à faire attention à ce maudit comte de Keller. Pour me faire un peu enrager, elle commença à jeter un regard sur lui chaque soir, au moment où nous quittions le théâtre. Keller enhardi loua un petit appartement d’où il pouvait apercevoir son balcon. Il osa écrire. Ce commerce de coquetterie durait depuis trois semaines, lorsque la camérière placée par moi, ayant eu une querelle avec sa maîtresse, me remit une lettre de Keller adressée à celle-ci. Pour piquer la Violantina, je feignis de faire la cour à la Fulvia C***. Je mourais d’ennui dans la loge de la Fulvia, excepté quand je pouvais espérer d’être aperçu par la Violantina. Un jour, nous commençâmes une petite querelle à propos d’un magnifique bouquet de fleurs de mon jardin de Quarto que j’avais envoyé à