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fidèles rapports. L’Italien, qui lit peu et avec méfiance, s’instruit surtout par les voyages. Ce monde n’est qu’une vallée de larmes, dit-on à Modène, et l’on…
 

n’est-ce pas leur rendre le plus grand des services ?…

 
 

ou donnez raison aux jésuites de Modène.

 
 

Rien de plus raisonnable que la persécution et les auto-da-fé, rien de plus ridicule que la tolérance.

Veut-on jouir du spectacle le plus plaisant, il faut voir un Italien s’embarquer dans une diligence. L’attention, qui n’est jamais dans ce pays qu’au service des passions profondes, ne peut pas se mouvoir rapidement. L’Italien qui s’embarque meurt de peur d’oublier quelqu’une de ses cent précautions contre le froid, l’humidité, les voleurs, le peu de soin des aubergistes, etc. Plus il veut surveiller de choses à la fois, plus il s’embrouille, et il faut voir son désespoir pour ses moindres oublis. Peu lui importe d’être ridicule aux yeux des spectateurs rassemblés autour d’une diligence qui part. Il donnerait vingt spectateurs pour n’avoir pas oublié son bonnet