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qu’elles sont moins femmes que toutes les autres, et si ridicules ? En Italie, l’amour, si elle peut en inspirer ou en éprouver, est toujours le principal intérêt dans la vie d’une femme ; le talent littéraire n’est, à ses yeux, qu’un ornement de la vie, qu’un moyen de plaire davantage à l’homme qu’elle aime. Je ne doute pas un instant qu’une Italienne qui vient de finir un roman, ou un recueil de sonnets, ne le jette au feu à l’instant, si son amant le lui demande d’une certaine manière. Les lettres d’amour, à en juger par celles que m’a montrées un amant jaloux, le marquis B***, ont très-peu de mérite littéraire, c’est-à-dire sont très-peu faites pour plaire aux indifférents. Elles sont pleines de répétitions. On peut en prendre une idée par les Lettres d’une Religieuse portugaise[1].

10 décembre. — J’ai accompagné Radael à la diligence du Mont-Napoléon, qui le mène à Mantoue en vingt-trois heures ; car il faut passer par la patrie de Virgile pour aller à Bologne. Le duc de Modène n’a pas voulu permettre à la diligence de traverser ses États. Il n’y a que les jacobins qui voyagent, a-t-il dit, et S. A. R. a raison ; son chef de police Besini lui fait de
  1. Voir la bonne édition, chez M. Firmin Didot, 1824, avec la traduction en portugais.