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fort épris de madame M***, qui a peut-être cinquante-cinq ans, qu’importe l’âge, quand la beauté, la gaieté, et, mieux encore, la facilité à être ému subsiste encore ! »

J’ai vu madame L*** dire devant sa fille, la belle Camilla, et en parlant de Lampugnani : « Ah ! celui-là était fait pour moi, il savait aimer », etc. Ce discours intéressant, dont pas une syllabe n’était perdue, a duré plus d’une heure. M’accusera-t-on de protéger ces mœurs parce que je les décris, moi qui crois fermement que la pudeur est la source de l’amour-passion ? Pour me venger, je penserai à la vie de qui me calomnie. Je regrette souvent qu’il n’y ait pas une langue sacrée connue des seuls initiés ; un honnête homme pourrait alors parler librement, sûr de n’être entendu que par ses pairs. Je ne reculerai devant aucune difficulté. J’avouerai que madame Z***, dimanche dernier, durant une visite de cérémonie, après la messe, adressait, en présence de ses deux filles, et à deux hommes qui, en toute leur vie, ne lui ont fait que cette visite, des maximes approfondies sur l’amour. Elle appuyait ces maximes d’exemples à leur connaissance (celui de la Belintani, actuellement en Espagne avec son amant), sur l’époque précise à laquelle il convient de punir, par l’infidélité, les amants qui se conduisent mal.