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despotisme d’un Napoléon, la république ne pourrait s’établir parmi le bas peuple napolitain. Leur absurdité va jusqu’à maudire le général Manhès, qui, pendant dix-huit mois, a fait disparaître le vol et l’assassinat dans les pays au midi de Naples. Le maréchal Davoust, roi de Naples, eût agrandi l’Europe de ce côté. Je ris quand je vois les Anglais se plaindre d’y être assassinés. À qui la faute ? En 1802, Napoléon civilisa le Piémont par mille supplices qui ont empêché dix mille assassinats. Je ne dis pas qu’à la Louisiane, chez un peuple sans passion, raisonneur et flegmatique, l’on ne puisse parvenir à supprimer la peine de mort. En Italie, Milan excepté, la peine de mort est la préface à toute civilisation. Ces imbéciles de Tedesk, qui essayent de nous gouverner, ne font pendre un assassin qu’autant qu’il confesse son crime. Ils entassent ces malheureux à Mantoue, et, quand leur nourriture fatigue leur avarice, ils profitent du 12 février, anniversaire de la naissance de leur empereur, pour les rejeter dans la société. Ces gens-là, en vivant ensemble, prennent l’émulation des forfaits, et deviennent des monstres, qui, par exemple, versent du plomb fondu dans l’oreille d’un paysan qui dort dans la campagne, pour jouir de la mine qu’il fait en mourant. — Après cette grave et triste