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Au midi de ce fleuve, vous verrez l’énergie et le bonheur des sauvages. Dans l’État romain, la seule loi en vigueur est le catholicisme, c’est-à-dire l’observation des rites. Vous le jugerez par ses effets. La morale y est prohibée comme conduisant à l’examen personnel.

Le royaume de Naples se réduit à cette ville, la seule d’Italie qui ait le bruit et le ton d’une capitale.

Le gouvernement est une monarchie ridicule à la Philippe II, qui conserve encore quelques habitudes d’ordre administratif, apportées par les Français. Rien de plus insignifiant et de moins influent sur le peuple. Ce qui est admirable et digne de votre attention, c’est le caractère du lazzarone, qui n’a pour loi que la crainte et l’adoration du dieu saint Janvier.

Ce dévouement de l’âme, que l’on appelle amour ici, n’arrive pas jusqu’à Naples ; il est mis en fuite par la sensation présente, ce tyran de l’homme du Midi. À Naples, si une jolie femme loge vis-à-vis de chez vous, ne manquez pas de lui faire des signes.

Ne vous laissez pas mettre en colère comme un Anglais par tout ce que vous verrez d’africain en ce genre. Détournez les yeux si vous êtes vieux ou triste, et rappelez-vous que votre grand objet, à Naples, c’est le lazzarone. Même votre illustre Mon-