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les nobles et les souverains ? étudiez philosophiquement les six centres d’action qui agissent sur les dix-huit millions d’Italiens : Turin, Milan, Modène, Florence, Rome et Naples[1]. Vous savez que ce peuple ne forme pas masse. Bergame exècre Milan qui est également haïe par Novarre et Pavie ; quant au Milanais, il songe à bien dîner, à acheter un bon pastran (manteau) pour l’hiver, et ne hait personne ; haïr troublerait sa volupté tranquille. Florence qui abhorra tellement Sienne autrefois, ne hait personne aujourd’hui, par impuissance. Je cherche en vain une troisième exception. Chaque cité exècre ses voisines et en est mortellement haïe. Nos souverains ont donc sans peine le divide ut imperes.

Ce malheureux peuple, pulvérisé par la haine, est gouvervé par les cours d’Autriche, de Turin, de Modène, de Florence, de Rome et de Naples.

Modène et Turin sont en proie aux jésuites. Le Piémont est le pays le plus monarchique de l’Europe. L’oligarchie autrichienne suit encore les idées de Joseph II qui, faute de mieux, passe à Vienne pour un grand homme ; elle force les prêtres à ne pas intriguer et à respecter

  1. Voir Gorani, Description des cours d’Italie vers 1796. C’est un ultra-libéral.