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et leurs usages. Les femmes turques, à Constantinople, montrant leur taille aux étrangers en serrant leur robe faite en domino, affectant l’air souffrant d’une petite-maîtresse, et laissant tomber leurs babouches avec négligence.

Ce n’est en général que les gens flegmatiques qui ont ici de la vanité. Il n’y a peut-être pas de Gascon aussi plaisant en ce genre qu’un abbé que j’ai rencontré dans un salon au sortir du théâtre patriotique. Un marquis mort depuis peu lui a laissé une magnifique pension viagère. La grande passion du marquis d’Adda était la peur du diable. Fidèle aux croyances que le papisme n’a abandonnées que depuis peu, il avait surtout peur que le diable n’entrât dans son corps, par quelque ouverture ; en conséquence l’abbé ne le quittait point. Le matin il bénissait la bouche du marquis avant que celui-ci ne l’ouvrît..... Je ne puis arriver au bout de mon conte en français ; il n’a rien de choquant en milanais. La plaisanterie que l’on fait à l’abbé, c’est de lui rappeler, au milieu de son opulence actuelle et malgré ses bas violets, quelques-unes de ses anciennes fonctions auprès du marquis d’Adda. M. Guasco, qui était ce soir le bourreau de l’abbé, a rempli cette fonction délicate avec toute la finesse et le sang-froid possibles. En