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conclut pas[1]. Le Français est plus expéditif, il juge un peuple et toute la masse de ses habitudes physiques et morales en une minute. Cela est-il conforme à l’usage ? — Non ; donc cela est exécrable, et il passe à autre chose.

L’Italien étudie longtemps et comprend parfaitement les manières singulières d’un peuple étranger, et les habitudes qu’il a contractées en allant à la chasse du bonheur. Un être qui marche à un bonheur quel qu’il soit, ne lui semble jamais ridicule par la singularité du but, mais seulement quand il se trompe de route. Voilà qui explique la Mandragora de Machiavel, l’Ajo nell imbarazzo, et toutes les vraies comédies italiennes (j’appelle vraiment italiennes celles qui ne sont pas imitées du français). Je donnerais beaucoup pour voir les relations des ambassadeurs vénitiens et des nonces du pape, envoyés dans les cours étrangères. J’ai été étonné des récits faits par de simples marchands. Récits de M. Torti sur la probité héroïque des Turcs

  1. L’auteur sent mieux que personne combien il a peu le droit de trancher ainsi sur d’aussi grandes questions. Je désire être bref et clair. Si j’avais recours à l’appareil inattaquable des formes dubitatives et modestes qui conviennent si bien à mon ignorance, ce voyage aurait trois volumes, et serait six fois plus ennuyeux. Par le temps qui court, la brièveté est le seul signe de respect apprécié par le public. Je ne prétends pas dire ce que sont les choses, je raconte la sensation qu’elles me tirent.