Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reuses en amour scandalise fort celles qui ont paru dans le monde avant 1796. Ce qui est incroyable, c’est qu’elles appellent immorale la conduite de ces pauvres jeunes femmes qui passent leur vie entre leur piano et les œuvres de lord Byron.

L’opinion des femmes, qui décide de la considération dont jouit une femme, se prend à la majorité et la majorité est toujours vendue à la mode. C’est un spectacle bien utile pour un philosophe commençant que de voir une jeune femme taxée d’immoralité, uniquement parce qu’elle n’a pas pris d’amant après le premier qui l’a trompée.

C’est ce que j’ai bien vérifié ce soir, et ce reproche était dans la bouche de femmes qui ont usé et abusé du privilège établi par les mœurs antérieures à 1796[1]. Alors la règne d’un amant ne s’étendait pas toujours d’un carnaval à l’autre. Aujourd’hui, la plupart des attachements durent sept ou huit ans. J’en connais plusieurs qui datent du retour des patriotes après Marengo, il y a seize ans. — Une marquise de la plus haute volée a pour amie de cœur une simple maîtresse de dessin. La position

  1. Molti averne
    Un goderne,
    E cambiar spesso.