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Peut-être la retrouverai-je à Venise. — Ici les élèves de l’école de danse, jeunes filles de douze à seize ans, sont remarquables par la gravité. Je les vois quelquefois réunies au nombre de plus de trente sur le théâtre, pour les répétitions d’un ballet de Vigano, auxquelles ce grand homme veut bien m’admettre[1]. L’Italien ne devient parlant et communicatif que vers les trente ans. — Mais je reviens au théâtre Patriotique.

J’ai fait bien des observations sur les loges pendant la première pièce (les Deux portefeuilles de Kotzbue). D’abord on voit ici beaucoup de femmes qui ne vont pas à la Scala.

Plusieurs jeunes femmes, après un premier attachement malheureux, qui les a conduites jusqu’à vingt-six ou vingt-huit ans, passent le reste de leur vie dans la solitude. La société de Milan n’accorde aucune considération à la constance dans ces sortes de résolutions ; elle oublie. C’est qu’on ne trouve pas ici de femmes intéressées à couvrir les petits écarts de leur jeunesse par la dévotion de leurs paroles. La solitude de ces jeunes femmes malheu-

  1. Quoiqu’il n’accepte point ma loge, que je lui offre, de peur de se compromettre avec la police. Cette police lui défend de traiter le sujet magnifique de l’Ebrea di Toledo.