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il est plein de ressources comme on l’a vu dans la campagne de Russie. (Le capitaine des gardes d’honneur Wideman à Moscou.) Chose bien étonnante que cette prudence dans un pays où le ciel est ami de l’homme ! Pendant six mois de l’année, qu’un Polonais reste une seule nuit exposé aux injures de l’air, il meurt. Ici, en Lombardie, il n’y a pas, je gage, quinze nuits par an égales en inclémence aux nuits de Pologne du 1er octobre au 1er de mai. À la Tramesina, sur le lac de Como, à côté de la belle maison de M. Sommariva, il y a, dit-on, un oranger qui vit en plein air depuis seize ans. Les maux de la tyrannie ont-ils donc suffi pour remplacer ici l’inclémence de la nature[1] ? Les tempéraments bilieux ou mélancoliques sont frappants à observer dans un régiment qui défile, à cause du nombre, et de la force de l’empreinte. Tous les régiments italiens étant exilés en Hongrie, je fais mes observations au sortir de la messe, à la porte d’une église à la mode (San Giovanni alle case rotte ou les Servi). La gaieté facile du sanguin ou du Français méridional est presque tout à fait inconnue en Italie.

  1. Voir le caractère de Côme de Médicis, duc de Florence en 1537, duc de Sienne en 1555, grand-duc de Toscane en 1569, mort en 1574, après avoir pesé trente-sept ans sur la Toscane. Quelle leçon de scélératesse pour tout un peuple !