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tateur qui rit, une manière de se faire illusion et de prouver à son voisin qu’il connaît les petits usages de la haute société. On prêtait ce soir une extrême attention à la pièce. Il faut que l’exposition soit fort claire. La moitié des charmantes esquisses de M. Scribe serait inintelligible ici faute d’exposition suffisante. Mais aussi une fois l’avant-scène bien comprise, les détails vrais ne lassent jamais un auditoire italien. Le rire ne naît guère ici que lorsqu’on voit un homme se tromper de route en marchant vers le bonheur qu’il désire.

J’ai vu dans la société, en fait de chaussures et de manteaux, des amants prendre les précautions les plus saugrenues. Leurs préparatifs pour sortir de la maison de leur amie duraient un quart d’heure, et ils n’étaient point ridicules aux yeux de leur maîtresse qui les regardait faire.

On ne joue point la jeunesse ici, encore moins l’étourderie ; les jeunes gens sont graves, silencieux, mais point tristes. Il n’y a d’étourderie dans ce pays-ci qu’envers le qu’en dira-t-on : c’est la disinvoltura.

Selon moi, l’Italien craint moins les accidents et les maux futurs que l’image terrible que lui en fait son imagination. Arrivé al tu per tu (au fait et au prendre)