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célèbres. Les portraits sont excellents, les notices pitoyables ; les portraits de Boccace, de Léon X et de Michel-Ange sont des chefs-d’œuvre de gravure. Celui de Carlo Verri, assez médiocre, me le montre bien plus français que Beccaria. Alexandre Verri, frère de Charles, vit encore à Rome ; mais ce n’est qu’un ultra qui exècre Napoléon, non pas pour sa manie de trôner, mais au contraire pour ses réformes civilisantes. C’est dans ce sens qu’Alexandre a écrit les Nuits romaines au tombeau des Scipions, Érostrate, etc. Le Génie du Christianisme est simple, si on le compare à l’emphase des Nuits romaines : ce n’était pas ainsi qu’écrivait Carlo Verri ; mais il écrivait ce qu’il croyait.

3 décembre. — Je suis allé ce soir au théâtre Filo-dramatico. C’est le nom que les ultra ont fait imposer au théâtre Patriotique, fondé sous le règne de la liberté, vers 1797, et soutenu avec magnificence par les citoyens de Milan. Établi dans une église, ce théâtre a bien des titres à la proscription : les acteurs sont de jeunes négociants. Vendredi dernier M. Lucca a fort bien dit l’Egiste d’Alfieri ; son triomphe est le rôle du major dans Cabal und Liebe de Schiller. Les ingénues sont représentées par mademoiselle Gioja d’une manière