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la portière, pour l’ouvrir si madame voulait faire un tour à pied, ce qui n’arrive pas une fois tous les dix ans. Placé ainsi à deux pas de la portière, le valet de chambre répond sans s’avancer aux réflexions que sa vieille padrona fait de l’intérieur de la voiture. C’est en écoutant une de ces conversations que j’ai entendu accuser la route du Simplon, faite par quel maladett Bonapart, d’être la cause des froids précoces que l’on éprouve en Lombardie depuis la Révolution. Comme rien n’égale ici l’ignorance des femmes nobles[1], elles se figurent que la chaîne des Alpes, qu’on voit parfaitement du Corso, forme comme un mur qui garantit des vents du nord, et que Bonaparte, cette bête noire de leurs confesseurs, a fait une brèche à ce mur pour sa route du Simplon.

En hiver, le Corso a lieu avant dîner, de deux à quatre. Dans toutes les villes d’Italie, il y a un Corso, ou revue générale de la bonne compagnie. Est-ce un usage espagnol, comme celui des cavaliers servants ? Les Milanais sont fiers du nombre des carrosses qui garnit leur Corso. J’y ai vu, un jour de grande fête et de beau soleil, quatre files de voitures arrêtées des

  1. Toujours entourées de flatteurs dès l’âge de trois ans. Se rappeler le menuet bleu, éducation de Mesdames de France, dans les Mémoires de madame Campan.