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plus à Milan, ce sont les cours dans l’intérieur des bâtiments. J’y trouve une foule de colonnes, et pour moi les colonnes sont en architecture ce que le chant est à la musique.

À cause de je ne sais quelle fête, je trouve exposés, sous le magnifique portique de l’Ospedal grande, les portraits en pied de tous les bienfaiteurs qui ont donné cent mille lire aux pauvres (soixante-seize mille francs), et les portraits en buste seulement de ceux qui ont donné moins. Anciennement, tous les assassins grands seigneurs qui parvenaient à la vieillesse, et maintenant toutes les femmes trop galantes qui vieillissent, donnent énormément aux pauvres. Ces portraits, faits pendant les dix-septième et dix-huitième siècles, sont d’un degré de mauvais dont l’on ne peut se faire l’idée en France ; peu sont passables, un seul est bon ; il a été fait dernièrement par M. Hayez, jeune Vénitien qui a du clair-obscur, un peu de coloris, et au total de la force. J’ai été content de son tableau de Carmagnola. (La femme et la fille de ce général le supplient de ne pas aller à Venise où le sénat l’appelle, et où il eut la tête tranchée en 1432.)

La fille, qui est prosternée aux genoux de son père, et qu’on n’aperçoit que par le