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rire, ou je serais mort ce soir en entendant le ténor Ronconi chanter des airs bouffes. C’était à la soirée de madame Foscarini, où m’a mené le conseiller Pin, l’homme le plus original et le plus spirituel. Ronconi nous a chanté ce fameux air du roi Théodore de Paisiello :

Con gran pompa e maestà.

Dieu ! quelle musique ! que de génie dans le genre simple !

Le jeune compositeur Paccini tenait le piano. Ainsi que Ronconi, il brille par la finesse et par la vivacité plus que par l’énergie.

Les plus beaux yeux que j’aie rencontrés de ma vie je les ai vus à cette soirée. Madame Z*** est de Brescia. Ces yeux-là sont aussi beaux et ont une expression plus céleste que ceux de madame Tealdi, l’amie du général Masséna.

M. Locatelli a cédé à nos instances et a joué la scène délicieuse du sénateur vénitien malade. Ensuite, quoique mort de fatigue, comme le public le suppliait les larmes aux yeux, à force de rire, il a joué, toujours derrière un paravent, la fille de San Raphael.

Grâce aux airs bouffes de Ronconi et à la complaisance de M. Locatelli, le bal n’a commencé qu’à minuit, et avant une heure