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librement vengo adesso di Cosmopoli. » — « Un officier français commandant de place, répond un de mes amis, se faisait donner trois cents francs par mois, mais il en mangeait quatre cents à l’Osteria, gaiement avec les amis qu’il s’était faits dans sa place. L’officier allemand serre dans trois bourses de cuir, placées l’une dans l’autre, les quarante-deux francs destinés à sa chétive dépense pendant le mois ; rien que de le rencontrer dans la rue me fait bâiller. Quant à l’insolence du soldat français, elle était superlative. Faites-vous réciter un des chefs-d’œuvre de notre poésie nationale : Giovanin Bongee[1]. »

27 novembre. — On ne meurt pas de

  1. Desgrazi di Giovanin Bongee.

    De già, lustrissem, che semm sul descors
    De quij prepotentoni di Frances…

    Les Disgrâces de Jean Bongée. « Très-excellent seigneur, puisque nous sommes venus à parler de ces insolents de Français », etc., etc…

    L’aimable Carline Porta m’a récité lui-même ce charmant petit poême. On le trouve dans le tome Ier de ses œuvres (Carline Porta, né à Milan en 1776, mort en 1821). On n’a osé imprimer que ce qu’il y a de moins saillant. La censure autrichienne, exercée par des Italiens renégats, est terrible. C’est à Lugano qu’il faut acheter les livres italiens. Le landaman du canton du Tessin reçoit chaque année de belles boîtes de S. M. I. et R. On m’a fait de bons contes sur l’administration des finances à Bellinzona et à Lugano. (Note ajoutée en 1826.)