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vivre seul à la campagne et cultiver son domaine pour ne pas voir l’uniforme autrichien. La croix de la Couronne de fer accordée par Napoléon est la vraie noblesse. Dans l’ordre civil, sur dix personnes qui obtenaient cette croix, neuf la méritaient. Si Napoléon en eût fait la seule noblesse, il eût donné aux Lombards à peu près tout le degré de liberté qu’ils peuvent porter. On m’a cité un maire qui avait été compris dans une promotion de la Couronne de fer. Des lettres anonymes apprirent au vice-roi une bassesse autrefois commise mais qui ne put être prouvée ; sur le simple soupçon, l’on donna en secret vingt mille francs au maire et on lui retira la croix. Cet exemple répandit la moralité dans les villages.

Par l’intermédiaire d’une amie commune M. le général Klenau m’a fait demander les Rapports du physique et du moral de Cabanis ; je lui ai gardé le secret tant qu’il a vécu.

Ce soir l’on disait chez madame N*** : « Nous ne pouvons pas nous plaindre de l’insolence des Autrichiens qui campent au milieu de nous. On dirait une armée de capucins ; d’ailleurs le maréchal de Bellegarde est un homme fort raisonnable. » — « Et les Français, ai-je dit, vous savez que vous pouvez me répondre