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montré le portrait, eut une des plus belles têtes d’homme que j’aie jamais vues.

Ainsi, quand Napoléon vint réveiller l’Italie par le canon du pont de Lodi, et ensuite déraciner les habitudes anti-sociales par son gouvernement de 1800 à 1814, il trouva une forte dose de bon sens chez un peuple préparé par les lumières de Beccaria, de Verri et de Parini. Ces hommes supérieurs avaient été plutôt protégés que persécutés par Marie-Thérèse, l’empereur Joseph II et le comte de Firmian, gouverneur du Milanais.

Quand Bonaparte occupa Milan, en 1796, l’archiduc gouverneur s’amusait à y faire le monopole du blé ; personne ne s’en étonnait. « Il a une belle position et il vole ; quoi de plus simple ! Sarebbe ben matto di far altrimenti. » J’ai entendu ce propos à la vérité dans la bouche d’un homme de plus de quarante ans.

25 novembre. — J’aime beaucoup à voyager en sédiole ; on est mouillé quelquefois, comme il m’est arrivé aujourd’hui, mais on voit le pays forcément, et j’éprouve que c’est le moyen d’en garder le souvenir. Je suis allé au Pian d’Erba, sur les bords du lac Pusiano, voir la villa Amalia, appartenant à M. Marliani. J’ai parcouru les allées de ce jardin anglais