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tement de Montenotte par M. de Chabrol, préfet de la Seine[1].

23 novembre. — J’ai obtenu la faveur d’être présenté à l’un des plus respectables citoyens de Milan, M. Rocco Marliani. Cet homme vertueux est l’un des pères conscrits de cette ville dans le fait si républicaine. C’est une habitude contractée depuis des siècles de regarder le souverain, espagnol ou autrichien, comme l’ennemi de la ville. Le servir est pardonnable, car il paye ; le servir avec zèle est infâme, car c’est un ennemi. M. Marliani ne m’a rien dit de tout cela, mais m’a beaucoup parlé de Carlo Verri et de Beccaria[2]. Ces hommes précieux, en publiant leur célèbre journal intitulé le Café (1764-1765), formèrent ici une nouvelle école de philosophie. Bien différente de la philosophie de France à la même époque, cette école de réformation ne faisait aucune attention aux enjolivements du style ni aux succès dans les salons. Placés à la tête de la société par leur fortune, leur existence municipale et leur naissance, et

  1. Pour tout ce qui est religion, voir la Vie de Scipion Ricci, par M. de Potter. La véracité de cet historien est inattaquable. Les Famiglie illustri de M. Litta me sont fort utiles. (1826)
  2. Né en 1735, mort en 1795.