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et auquel rien ne ressemble en France. Il y aurait donc de la témérité à vouloir en donner une idée ; on se figurerait toujours quelque chose dans le genre de Gardel[1].

Écrire un voyage en peignant les objets par la sensation qu’ils ont fait naître dans un cœur, est fort dangereux. Si on loue souvent, on est sûr de la haine de tous les cœurs différents du vôtre. Que de bonnes plaisanteries ne feront pas contre ce journal les gens à argent et à cordons ! Mais aussi ce n’est pas pour eux que j’écris. Je ne me soumettrais pas à cent soirées ennuyeuses, pour obtenir un de ces cordons qui leur en coûtent mille.

Il faudrait, pour qu’il fût digne de plaire généralement, qu’un voyage en Italie fût écrit à frais communs par madame Radcliffe pour la partie des descriptions de la nature et des monuments, et par le président de Brosses pour la peinture des mœurs. Je sens vivement qu’un tel voyage serait supérieur à tout ; mais il faudrait au moins huit volumes. Quant à la description sèche et philosophique, nous possédons un chef-d’œuvre en ce genre, c’est la statistique du dépar-

  1. Mademoiselle Pallerini, qui joue Mirra, est comparable à madame Pasta. (1826)