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étoffes anglaises à vingt francs pièce, au commencement de l’été ; elles changent de robe comme nous de cravate. Au commencement de l’hiver, une femme fait quatre ou cinq robes de trente francs. Les robes de soie de son trousseau qui datent de l’époque de son mariage sont précieusement conservées pendant huit ou dix ans ; elles servent les jours de première représentation à la Scala et pour les feste di ballo. L’on est connu personnellement ; à quoi bon la toilette ?

L’extrême pauvreté des femmes riches fait qu’elles acceptent avec plaisir et sans conséquence un cadeau de six paires de souliers de Paris. L’opinion tolère qu’une femme se serve de la loge et même de la voiture de son ami ; il n’y a là d’autre honte que celle d’avouer le manque de fortune. Une femme reçoit une seule personne à midi ; ses amis intimes de deux à quatre. Le soir elle reçoit ses connaissances dans sa loge, de huit heures et demie à minuit. Lorsque la loge qui a dix ou douze places est remplie et qu’il survient quelqu’un, le plus ancien arrivé s’en va. Ce plus ancien visiteur se trouvait à côté de la maîtresse de la maison, contre le parapet de la loge. À son départ, tout le monde fait un petit mouvement vers le parapet de la loge, et le nouvel arrivé