Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çonne d’avoir plusieurs amis à la fois, on cesse de l’inviter. Mais ces sévérités ne sont guère connues que depuis Napoléon, qui, par esprit d’ordre et pour les intérêts de son despotisme, rendit des mœurs à l’Italie. Les collèges de jeunes demoiselles qu’il institua à Vérone et à Milan, sous la direction de madame Delort, élève ou imitatrice de madame Campan, ont eu l’influence la plus salutaire. On remarque que les scandales sont donnés par des femmes d’un certain âge ou élevées dans les couvents. L’opinion publique est née ici en 1796 ; il est tout simple que les caractères formés avant cette époque, ou nés au sein de familles en retard, n’aient pas l’idée de chercher son suffrage.

20 novembre. — Une femme apporte cinq cent mille francs de dot à son mari, ce qui fait ici au moins comme huit cent mille à Paris. Il lui fait une pension de deux mille francs pour sa toilette. Le mari règle les comptes du majordome ou du cuisinier, la femme ne se mêle absolument que de l’administration de sa pension de cent soixante-sept francs par mois. Elle a voiture, loge au spectacle, des diamants, dix domestiques et souvent pas cinq francs dans sa poche. Les femmes les plus riches achètent six robes de petites