Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’avouerai que je ne suis pas très-sûr de tous ces détails ; je ne les saurai parfaitement que si je me trouve ici dans trois mois au retour de M. P***, qui est allé en Suisse conduire ses enfants à la pension Fellenberg. Mais le fond est vrai. — J’aime la force, et de la force que j’aime, une fourmi peut en montrer autant qu’un éléphant.

Un voyageur, de ceux qui suivent les itinéraires et marquent avec une épingle (en faisant un trou dans le papier du livre) les choses qu’ils ont vues, disait devant moi à un vieillard aimable qui a imprimé un voyage à Zurich[1] : « Mais, monsieur, j’arrive de Zurich, où je n’ai rien vu de ce que vous notez. — Monsieur, je n’ai noté que les choses singulières. Ce qui se fait à Zurich, comme à Francfort, ne m’a pas semblé digne d’être écrit ; mais le neuf est rare, et il faut de certains yeux pour l’apercevoir. »

Madame R*** ne fut nullement déshonorée par cette aventure, qui eut une publicité affreuse. É una matta, dit-on (c’est une folle). À Milan, l’opinion publique traite les femmes, à l’égard de l’amour, comme l’opinion traite à Paris les hommes à l’égard de la probité politique. Chacun

  1. Voyage de Zurich à Zurich, par l’auteur des derniers volumes de Grimm.