Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’invite, au nom de l’honneur, à se rendre sur-le-champ, avec un ami et des pistolets, à la cassine des Pommes, qui est le bois de Boulogne du pays. Il va réveiller un ami, et, malgré la neige et le froid, à la petite pointe du jour, ces messieurs sont au lieu du rendez-vous. Ils y trouvent, pour acteur principal, un très-petit homme enveloppé de fourrures ; le témoin de l’inconnu manifeste le désir de ne pas parler. À la bonne heure , on charge les pistolets ; on mesure douze pas. Au moment de tirer, le petit homme est obligé de se rapprocher. Malclerc, très-curieux, le regarde, et reconnaît Teodolinda R***, sa maîtresse. Il veut plaisanter ; elle l’accable des marques de mépris les mieux raisonnées. Comme il essaye de diminuer l’intervalle qui les sépare : « N’approchez pas, dit-elle, ou je fais feu sur vous ; » et son témoin a beaucoup de peine à la convaincre qu’elle n’en a pas le droit. « Est-ce ma faute, s’il ne veut pas faire feu ? dit-elle à ce témoin. Vous, monstre, vous m’avez fait le plus grand mal possible, dit-elle à Malclerc.......... Le combat n’est point inégal, comme vous le prétendez. Si vous l’exigez, nous prendrons un pistolet chargé et l’autre non, et nous tirerons à trois pas..... Je ne veux pas rentrer vivante dans Milan, ou il faut